Potosi se trouve à 4070 mètre d’altitude. Toujours plus haut et toujours plus difficile de respirer normalement. C’est une des villes les plus hautes du monde, construite au pied du cerro Rico (montagne riche), une montagne de minerai d’argent qui domine la ville de ses 4824 mètres et qui menace aujourd’hui de s’effondrer.
Théoriquement je pensais aller directement de Uyuni à Sucre, mais finalement après avoir emprunté son guide de voyage à un français dans le bus, je me rend compte qu’il y a d’intéressants sites à visiter à Potosi outre les mines d’argent que je ne veux pas visiter. J’arrive à Potosi en compagnie de Steffi et Martin rencontré durant le road trip dans le sud-Lipez.
Le climat est toujours aussi sec et ma peau ressemble de plus en plus à une peau de lézard! Les écarts thermiques sont grands entre la journée et la nuit en cette période de l’année et c’est plutôt pénible !
Ce que je ne savais pas c’est que la vieille ville coloniale de Potosi fait partie de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les rues piétonnes, les maisons coloniales aux couleurs vives, les balcons en bois, tout ici rappelle un riche passé à la fois terrible et glorieux. Potosi conserve de son riche passé de très nombreux bâtiments coloniaux dont pas moins de 80 églises.
Que faire à Potosi outre la visite des mines ?
1 / La Casa de la Moneda
La Casa de la Moneda, témoin des atrocités commises par les Espagnols durant les XVIe et XVIIe siècles, est un édifice impressionnant au passé chargé. L’éprouvant travail du métal était assuré pour l’essentiel par des esclaves venus d’Afrique, tandis que les mines étaient exploitées par des autochtones, peut-être encore plus à plaindre tant leur espérance de vie était réduite.
2 / Couvent de Sainte-Thérèse
Une visite au couvent carmélite de Sainte-Thérèse nous fait découvrir la vie stricte et très réglementé au 17ème siècle.
Seules des jeunes filles pouvaient entrer au couvent Santa Teresa, elles le faisaient en général entre 15 et 17 ans. Rarement volontaires, il s’agissait bien souvent de la deuxième fille d’une famille bourgeoise (d’Amérique du sud où d’Europe) souhaitant s’élever socialement (la première fille, elle, était mariée). En entrant elle perdait son état civil pour un nom de religieuse qui lui était donné. Une véritable renaissance. Le miroir étaient interdit pour empêcher toute vanité.
Lorsqu’une jeune fille entrait au couvent elle n’en ressortait plus, pas même après sa mort puisqu’une salle faisant office de cimetière était prévue à cet effet.
Les pensionnaires pouvaient recevoir de la visite, à raison d’ une heure par mois. Les règles étaient strictes : la pensionnaire se rendait à un parloir, duquel il n était possible de voir le visiteur, accompagnée d’une autre religieuse qui vérifiait la teneur de l échange. En effet les Carmélites se devaient d’être coupées du monde et ne devaient pas savoir ce qu’il se passait à l’extérieur.
Seul le médecin avait autorisation d’entrée dans le couvent.
L’église, qui se trouvait directement dans le couvent recevait le dimanche des visiteurs pour la messe, en aucun cas les religieuses ne pouvaient être vue, elles restaient dans une pièce a l écart, la fameuse pièce qui leur servait de cimetière.
Leurs chambre, ne possédaient comme mobilier que paillasse, bible et croix. Leur taille était approximativement de 4m2.
Les couloirs et chapelles étaient quant à eux très richement fournis. Dans le seul couvent de Potosi étaient entreposés plus de 300 tableaux sur la vie du Christ ou de saintes. Ces tableaux étaient des répliques de tableaux européens réalisées par des indigènes, qui n’avaient pas le droit de signer leurs œuvres.
[box type= »success » align= » » class= » » width= » »]La visite guidée est un peu longue mais elle est très intéressante. Je recommande la visite du couvent. [/box]
3 / La cathédrale de Potosi
La cathédrale de la ville, un majestueux édifice néoclassique, vaut aussi le détour. Il y a une visite guidée intéressante et du haut du clocher, on a une belle vue du centre-ville.
4 / S’imprégner de l’atmosphère de la ville
Se détendre sur la place du 10 novembre encadrée par les plus grands et fameux édifices de la ville et où les habitants viennent s’y retrouver. Un véritable petit spectacle de rue.
Longer la rue piétonne boulevard Paseo bordées de quelques bars, petits restaurants et de boutiques d’artisanat.
Les mines de Potosi parlons-en
En arrivant à Potosi, je savais que je ne visiterai pas les mines de Potosi car je pense que ce n’est pas en passant deux heures à quatre pattes dans les couloirs suffocants des mines en discutant 5 minutes avec un mineur par-ci, par-là que j’allais pouvoir comprendre l’horreur que ces hommes (mais aussi femmes et enfants) vivent au quotidien.
Ça n’empêche pas de s’informer un peu et discuter avec quelques boliviens où autres travailleurs de la mine.
Petit retour sur l’histoire des mines
Potosi est fondée en 1545 pour exploiter la mine proche. Durant près de 60 ans, l’Europe va énormément s’enrichir grâce aux richesses accumulées par l’État espagnol : l’argent extrait de la montagne dans des quantités colossales alimente les caisses de la couronne espagnole qui le dilapidera à son tour en faste et en dépenses de luxe aux profit des artisans européens au détriment de la production locale. Paradoxalement l’Espagne sortit ruinée des dépenses fastueuses de la monarchie des Habsbourg, tandis que les conditions dans le reste de l’Europe furent propices au développement industriel.
Après 1800, l’argent se fait rare, et l’étain devient la première ressource. La ville entame son déclin économique. Aujourd’hui, bien que déclarées épuisées, les mines sont toujours exploitées artisanalement par les habitants, dans des conditions de sécurité toujours désastreuses pour les mineurs.
On disait déjà à l’époque faste de Potosi que
la quantité d’argent extraite des mines de Potosi suffirait à construire un pont au-dessus de l’Atlantique pour relier Potosi à la péninsule Ibérique, mais les ossements de mineurs morts dans des accidents y suffiraient également.
Ça c’est pour la petite histoire …
Visitez ou non les mines
Quel est le sentiment d’un jeune colombien qui a travaillé 6 mois dans ces mines pour gagner de quoi voyager et avec qui j’ai eu l’occasion de discuter ?
Les mineurs qui sont en contact avec les touristes qui visitent les mines surnomment ceux-ci les tontos (idiots) ou payaso (clown) ça donne déjà un peu le ton et surtout c’est en complète contradiction avec les discours des tours opérateurs qui eux mettent en avant le fait que les mineurs sont contents de voir les touristes et de pouvoir discuter avec eux de leur vie sous terre.
Une autre aspect évoqué souvent par les tours opérateurs et peu clair selon moi; ce sont ces coopératives de mineurs, chaque agence rétrocédant à la coopérative une part du prix payé par les touristes qui visitent les mines.
Personnellement, tout ce que j’ai retenu de mes discussions c’est que les mineurs s’imbibent d’alcool à 90° et de mauvaise qualité du matin au soir tout en mâchant des feuilles de coca. Qu’ils n’arriveront pour la plupart pas à la retraite où alors très malade. Qu’ils vivent sur place, loin de leur famille et dans des dortoirs de 50 personnes. Que leur seul jour de congé, ils dépensent une bonne partie de leur salaire contre les faveurs d’une prostituée et que dans ces mines travaillent aussi des enfants, parfois même dès 6-7 ans, enfants que l’on ne croise jamais pendant les visites touristiques et qui se voit attribuer des travaux très durs. Ces enfants sont souvent obligés d’aller travailler à la mine pour subvenir au besoin de la famille après le décès de leur père; décédé dans la mine après un éboulement ou de maladie.
Bref ! Personnellement c’est contribuer au tourisme de la misère que de visiter ces mines et je ne les visiterai pas. Cela reste mon avis personnel, l’essentiel étant d’être conscient des choses qu’on décide de visiter les mines où pas.
[box type= »shadow » align= » » class= » » width= » »]
Préparez votre voyage en Bolivie
- Trouvez un vol pas cher vers la Bolivie
- Réservez un hébergement en Bolivie
- Acheter un guide de voyage en Bolivie
- N’oubliez pas l’assurance voyage
>[/box]
2 Responses
Hello Isabella, j ai pour ma part visité ces mines un 24 décembre jour de congé annuel.
Nous avons rencontré de jeunes mineurs qui fêtaient le Noel de la coopérative devant
les mines en attendant de recevoir leur cadeau: bière victuailles et couvertures chaudes.
Ces jeunes gens de 15-18 ans, qui en paraissaient 30, lèvres rougies par un trop de feuilles de coca machées à longueur de journée pour apaiser la faim, l angoisse des explosions,
éboulements……et j en passe.
A l intérieur on se représente mieux une vie entière dans le couloir de la mort…….
Salut Sylviane, oui j’imagine bien qu’à l’intérieur on se fait une meilleure idée mais malgré toute l’empathie qu’on puisse y mettre ça reste bien loin de la réalité. En même temps je trouve très courageux de rentrer dans ce couloir de la mort (comme tu dis) au-delà des mes raisons personnelles que je décris dans l’article, je suis pas sûre que j’aurai eu le courage de m’y aventurer principalement pour les images qu’il te reste après !